Résumé de l'article paru dans les Annales des Mines “Le Numérique pour la réindustrialisation” - Contribution de Dawex et du CEA à l’édition de décembre 2024.
Dans un contexte de transformation numérique de l'industrie, les espaces de données industriels émergent comme une solution innovante pour relever les défis futurs. Ces écosystèmes collaboratifs réunissent des parties prenantes partageant des intérêts communs pour faciliter l'échange et le partage de données de manière sécurisée et fiable. Ils améliorent les opérations, aident à répondre aux exigences réglementaires et optimisent la prise de décision. Une gouvernance solide est essentielle pour orchestrer ces échanges et garantir une collaboration efficace.
Les espaces de données industriels sont devenus essentiels pour l’essor de l’industrie européenne. Les bénéfices industriels et opérationnels liés à la création de data space industriels sont indéniables. Les espaces de données industriels optimisent les processus et améliorent la compétitivité des entreprises en renforçant leur résilience face aux crises. De plus, dans un contexte de mondialisation, ces data spaces industriels sont essentiels pour renforcer la compétitivité et la résilience des industries européennes.
En facilitant le partage de données entre fournisseurs, partenaires, clients, ils favorisent l'innovation, réduisent les coûts, améliorent la qualité et accélèrent le développement de nouveaux produits. Les industriels doivent également se conformer à des réglementations de plus en plus exigeantes, comme l'ESPR et le CSRD, qui imposent une transparence accrue en matière de durabilité et de traçabilité. Le Data Act ajoute des exigences de partage des données collectées via les objets connectés. Ces data spaces industriels facilitent la mise en conformité avec ces nouvelles réglementations européennes.
Exemple de Data4Industry-X, une solution technologique pour la mise en œuvre d’espaces de données industriels. Data4Industry-X, soutenu par l’Etat français dans le cadre du plan France 2030, avec l'appui de l'Alliance Industrie du Futur, rassemble de grandes organisations industrielles comme Valeo, Schneider Electric, le CEA-List, ainsi que des acteurs technologiques spécialisés comme Prosyst et Dawex.
Projet phare dans le cadre plus large de Manufacturing-X, Data4Industry-X est la solution d'échange de données de confiance, sécurisée et souveraine pour le secteur de l’industrie, sous le contrôle des industriels, qui répond aux enjeux de l'échange de données dans des environnements de fabrication décentralisés.
Un des cas d’usage de Data4Industry-X est celui de l’économie circulaire, avec des projets comme CIRPASS 1 et 2 qui aident les entreprises à se conformer aux réglementations européennes en matière de durabilité. Ces initiatives visent à définir les passeports numériques pour les produits (DPP) et l’architecture du système d’information nécessaire à leur déploiement.
La construction d’un espace de données industriel repose sur plusieurs fondements essentiels. Les données doivent être hébergées sur des infrastructures accessibles et adaptées aux besoins des parties prenantes concernées par la collaboration. Pour orchestrer les espaces de données, il faut des solutions techniques performantes pour gérer les échanges de données et ainsi créer la confiance, garantir la sécurité et la traçabilité des données échangées, tout en se conformant aux réglementations. Des applications métiers verticales doivent être intégrées de manière cohérente dans ces data spaces pour répondre aux différents cas d’usage identifiés. Et également une gouvernance globale, appuyée par un orchestrateur, est nécessaire pour assurer la cohérence et l’efficacité de l’ensemble du système.
L'interopérabilité est un défi majeur dans la construction des espaces de données industriels. Gérer cette complexité est essentiel, surtout pour les acteurs industriels impliqués dans plusieurs chaînes de valeur et data spaces. Il est crucial de résoudre les problèmes d'interopérabilité à la fois au sein d'un espace de données et entre différents espaces.
Cette interopérabilité est assurée à plusieurs niveaux. Sur le plan de la gouvernance, des règles claires d’échange et de protection des données doivent être établies. Sur les plans technique et syntaxique, des standards communs doivent être définis pour permettre l’échange de données entre les différentes infrastructures. Un enjeu majeur reste l’interopérabilité sémantique, qui est essentielle pour que les applications interagissent automatiquement sans ou avec le moins possible d‘interventions humaines si besoin.
La construction de l’interopérabilité sémantique dans les écosystèmes de données industriels peut suivre plusieurs voies complémentaires. La première est celle de la normalisation, où il s'agit de valider et d’appliquer des standards de données industrielles au niveau européen, ou au-delà, et ainsi définir des formats, des vocabulaires et des modèles de données reconnus par une filière industrielle entière. Une autre voie est celle de la vérification en amont, où des outils permettent de valider que les données échangées entre les différentes unités de production sont conformes à une norme définie. Enfin, les avancées technologiques récentes en traduction automatique sont des solutions prometteuses. Cela pourrait permettre d'opérer des conversions automatiques des données dans des formats sémantiques désirés.
Les espaces de données industriels sont désormais une réalité en plein essor, avec des initiatives et technologies pour les rendre interopérables qui progressent rapidement. Des implémentations opérationnelles existent déjà dans divers secteurs, comme l’agriculture, l'aéroportuaire, l'automobile, la construction et d’autres sont en cours dans l'énergie et l'aéronautique, où la collaboration par la donnée est devenue incontournable.
Pour les entreprises industrielles, il est crucial de s'engager dès maintenant dans la création d’espaces de données de confiance, ou trusted data spaces, et d'investir dans les compétences et technologies nécessaires. L'interopérabilité ne se limite pas aux technologies de l’information ; elle touche également aux règles comptables, notamment celles intégrant la valeur du patrimoine des données de l'entreprise en tant qu'actif au bilan comptable, comme les nouvelles règles en Chine depuis le 1er janvier 2024. Une approche proactive de l’Europe sur ce sujet pourrait devenir un puissant levier de création de valeur, incitant les dirigeants à accélérer la digitalisation de leurs activités, renforçant ainsi leur résilience et leur compétitivité.
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